- Chaque étape du cycle de production et de transformation des aliments, des champs à l’assiette, doit être contrôlée, vérifiée et contre-vérifiée en s’appuyant sur la mesure d’une variété de paramètres : température, pression, humidité, masse, débit…
- Chaque acteur de l’industrie agro-alimentaire doit respecter des normes spécifiques. Il leur est essentiel de disposer d’une preuve fiable et opposable que les produits alimentaires fabriqués et que leurs processus de production, de transport, de stockage et de disbribution respectent les normes en vigueur.
- Les mesures effectués tout au long de ces processus permettent de veiller à ce que les normes sont respectées. Il faut néanmoins s’assurer que ces mesures sont fiables.
- Le seul moyen d’y parvenir consiste à étalonner systématiquement et régulièrement chaque outil de mesure utilisé.
- Wim Sibon, responsable technico-commercial chez Fluke, estime même que le rôle des outils d’étalonnage est de plus en plus important pour assurer la sécurité et la qualité de l’alimentation.
Le mot « crise » est souvent galvaudé, mais lorsqu’il s’agit de nourrir une population mondiale en plein essor, aucun doute n’est permis sur l’ampleur du défi à relever. Produire suffisamment de nourriture pour la population mondiale constitue un véritable défi, mais les problématiques de qualité et de sécurité sont tout aussi importantes.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que près de 600 millions de personnes, soit près de 10 % de la population mondiale, seront confrontées à des maladies en relation directe avec leur alimentation. Plus grave encore, chaque année près de 420 000 personnes meurent d’intoxication alimentaire, dont près de 125 000 enfants. Le coût humain est énorme et le gaspillage financier est tout aussi spectaculaire, avec près de 110 milliards de dollars perdus en coûts médicaux évitables et une perte de productivité due à la prolifération d’aliments dont la consommation n’est pas sûre.
L’agro-alimentaire sous pression
Sauver des vies et prévenir des maladies sont absolument essentiels, et les mesures indispensables pour y parvenir mettent le secteur agro-alimentaire sous pression. La nécessité de mettre en place des systèmes robustes ne peut plus être ignorée, afin de s’assurer que non seulement l’alimentation répond aux normes de sécurité et de qualité, mais aussi que les données enregistrées sont facilement accessibles pour assurer une traçabilité sans ambiguïté et fiable.
En premier lieu, il faut comprendre pourquoi il est nécessaire de suivre et contrôler constamment la qualité de l’alimentation tout en examinant ce qui peut y faire obstacle et le rôle que jouent les instruments de mesure pour y parvenir.
Pour commencer, il est important de mesurer non seulement la masse et le volume des aliments, mais aussi la température, la pression et l’humidité durant les processus de production et de stockage. La qualité des aliments peut diminuer rapidement lorsque les normes en vigueur ne sont pas appliquées. En l’absence de contrôle de l’humidité, par exemple, les moisissures qui se développent sur les aliments secs risquent de réduire leur durée de conservation. Des produits aussi essentiels que les céréales, et notamment le blé, peuvent devenir impropres à la consommation si le taux d’humidité est trop élevé.
De la même façon, si la pression des réservoirs de stockage ne respecte pas les valeurs requises, la contamination microbiologique risque de poser des problèmes réels au cours du processus d’homogénéisation de différents aliments (un paramètre critique pour les conserves). De même, le goût des sodas, du lait, de la bière ou autres produits mis en bouteille peut être altéré par une pression trop faible ou trop élevée.
Contamination biologique
Suivant la même logique, si les aliments deviennent sont trop chauds ou trop froids, leur qualité risque de s’en ressentir. C’est pourquoi les mesures de température sont essentielles pour le transport, la préparation et le stockage des aliments, afin d’en préserver la fraîcheur et d’empêcher toute forme de contamination biologique. Les enregistreurs de température des véhicules de transport isotherme et des systèmes de réfrigération, par exemple, sont des exemples classiques d’utilisation de capteurs pour surveiller les produits alimentaires sensibles à la température. D’autre part, il est possible d’utiliser des thermomètres infrarouges pour mesurer les températures de surface des aliments au point de distribution, afin de s’assurer qu’elles sont conformes aux valeurs requises. Dans les restaurants et établissements assimilés, la température interne des aliments est vérifiée à l’aide de thermomètres équipés d’une sonde.
Toutefois, pour éviter les problèmes de contamination mentionnés ci-dessus, l’application de normes et de seuils n’est que l’une des réponses au problème. L’instrument de mesure permet bien d’effectuer des contrôles, mais comment l’utilisateur peut-il avoir la garantie que les outils utilisés pour ce faire sont fiables et précis ? S’ils ne le sont pas, ils deviennent inefficaces et risquent d’engendrer une multitudes de problèmes dont certains peuvent être graves.
En effet, non seulement l’utilisation d’outils de mesure mal étalonnés risque de ne pas permettre aux producteurs de garantir la qualité et la sécurité de leurs produits, mais aussi risque-t-elle de compromettre la santé et le bien-être de millions de personnes. En d’autres termes, une gestion plus efficace des processus agro-alimentaires n’est possible que si les mesures effectuées sont fiables, ainsi que leur analyse et leur stockage.
L’étalonnage est vital pour relever les défis alimentaires mondiaux, car en son absence, les données produites par l’instrument de mesure risquent rapidement de dévier, sachant que les compromis ne sont pas acceptables lorsqu’il s’agit d’assurer la qualité de l’alimentation du futur.
Traçabilité métrologique
La traçabilité métrologique est un aspect essentiel du processus d’étalonnage. Elle garantit la fiabilité des mesures et rend possible leur comparaison à l’échelle internationale. Elle permet de s’assurer qu’un résultat de mesure peut être relié à une référence par l’intermédiaire d’une chaîne ininterrompue et documentée d’étalonnages dont chacun contribue à l’incertitude de mesure.
Un instrument doit être étalonné par rapport à une référence avec traçabilité au Système international d’unités (SI) pour garantir la qualité des données de mesure.
L’instrument de référence doit lui-même être étalonné de manière traçable. Ce qui signifie qu’il doit lui-même avoir été étalonné en utilisant un étalon de plus haut niveau. Ainsi, la traçabilité implique une chaîne continue d’étalonnages, de telle façon que l’étalonnage de plus haut niveau ait été réalisé dans un centre national d’étalonnage ou un organisme équivalent.
