Module de batterie pour véhicule électrique d'ACC

La gigafactory d’ACC peine à monter en cadence

  • L’usine de batteries d’ACC, implantée à Billy-Berclau dans le Pas-de-Calais, rencontre des difficultés dans sa montée en production.
  • Automotive Cells Company (ACC) est coentreprise française, créée en 2020 par le Groupe PSA (devenus Stellantis) et Total,
  • Inauguré en 2023, le site de Billy-Berclau devait devenir l’un des principaux pôles européens de fabrication de cellules pour véhicules électriques.
  • Les volumes produits restent toutefois éloignés du potentiel annoncé, en raison de contraintes techniques qui ralentissent le passage à la grande série.

 

Des procédés critiques encore difficiles à stabiliser

Deux étapes essentielles du procédé — le coating et le calendering — posent actuellement problème. Le coating consiste à déposer les matériaux actifs sur les électrodes, tandis que le calendering vise à les compresser pour atteindre la densité et l’homogénéité requises. La précision nécessaire sur ces opérations rend la production sensible à la moindre variation de paramètres. Les machines utilisées, majoritairement d’origine asiatique, nécessitent un ajustement fin et une montée en compétence qui prennent plus de temps qu’anticipé.

Ces difficultés se traduisent par un taux de rejet élevé et un rendement faible par rapport aux standards des usines asiatiques plus matures. Pour renforcer son expertise, ACC a fait appel au soutien technique d’un fabricant chinois afin d’améliorer la maîtrise de ces processus.

Ecart entre la capacité ciblée et la production réelle

Le premier bloc de production de Billy-Berclau est conçu pour atteindre 13 GWh par an, ce qui correspond à la fabrication d’environ 56 000 cellules par jour dans un rythme nominal. Selon les estimations présentées lors de l’inauguration, cette cadence permettrait de produire l’équivalent de 2,4 millions de modules par an et d’équiper entre 200 000 et 300 000 véhicules électriques, selon la taille des batteries.

À long terme, ACC prévoit d’étendre le site jusqu’à 40 GWh par an d’ici 2030, tandis que l’ensemble de ses gigafactories européennes vise une capacité cumulée de 120 GWh à l’horizon 2030. Ces chiffres définissent la cible industrielle, mais la production réelle, non communiquée de manière détaillée, reste aujourd’hui inférieure aux objectifs du premier bloc.

Des coûts industriels supérieurs aux attentes

Les difficultés techniques affectent également la compétitivité du site. Le rendement limité et les cadences inférieures aux prévisions augmentent les coûts de production qui pourraient s’avérer 20 à 25 % plus élevés que ceux des fabricants asiatiques, en raison des consommations énergétiques, des taux de rejet et des coûts structurels européens.

Une montée en cadence plus lente que prévue

En 2024, la production est restée modeste, loin du rythme nécessaire pour atteindre les capacités annoncées. ACC a confirmé poursuivre ses efforts d’optimisation, mais la montée en série se fait de manière progressive. Des ajustements organisationnels et techniques ont été engagés pour améliorer la stabilité du process.

  • A propos de Automotive Cells Company (ACC)
    ACC est une coentreprise fondée par Stellantis, Mercedes-Benz et TotalEnergies (via sa filiale Saft). Stellantis en est aujourd’hui l’actionnaire majoritaire et futur principal client, tandis que Mercedes prévoit également d’intégrer ces cellules dans ses modèles électriques. TotalEnergies apporte son expertise en chimie et en conception de cellules. Ce consortium vise à développer un acteur européen capable de rivaliser avec les fabricants asiatiques en sécurisant l’approvisionnement des constructeurs européens.