- La start-up grenobloise Moïz a réalisé une levée de fonds de 3 millions d’euros pour accélérer la commercialisation de ses modules de mesure auto-alimentés, capables de tirer parti de la chaleur perdue dans les procédés et infrastructures industrielles.
Légende photo : Les dispositifs de Moïz permettent de surveiller la température de câbles par la SNCF. Tout dépassement de seuil déclenche une alerte auprès des techniciens concernés. La chaleur émise par les connexions électriques est exploitée pour alimenter les capteurs.
Ce financement permettra à la jeune pousse d’industrialiser ses premiers produits, d’en soutenir la mise sur le marché à l’international, et de préparer la prochaine génération de ses dispositifs grâce à de nouveaux programmes de recherche et développement.
L’entrée au capital du groupe Rio Tinto, via son fonds Rio Tinto Ventures, illustre la reconnaissance du potentiel de Moïz dans le domaine de l’énergie pour l’Internet des objets industriels (IoT). « Nous collaborons avec Moïz depuis 2021 et avons été séduits par leur technologie, qui simplifie l’installation de capteurs dans nos usines d’électrolyse d’aluminium. Leur solution montre un fort potentiel pour des environnements industriels exigeants », souligne Olivier Martin, Chief Technology Officer de Rio Tinto Aluminium.
Fondée en 2020 à la suite de travaux menés à l’Institut Néel (CNRS) et accompagnée par la SATT Linksium, Moïz développe une technologie de récupération d’énergie thermique. Ses modules permettent d’alimenter des capteurs sans fil ni pile, en convertissant directement la chaleur résiduelle en énergie électrique. Cette approche répond à un double enjeu écologique et économique : elle évite la production et le remplacement de millions de batteries polluantes, tout en réduisant les coûts d’installation et de maintenance.
Les fonds levés serviront à renforcer les équipes de R&D, qui travaillent en collaboration avec l’Institut Néel et plusieurs laboratoires partenaires sur de nouvelles technologies de récupération d’énergie intégrables sur wafers de silicium. Moïz prévoit de recruter une dizaine de collaborateurs au cours des douze prochains mois.
Aujourd’hui, près de 300 démonstrateurs sont déployés auprès de partenaires industriels en France et à l’étranger, où Moïz a déjà réalisé 25 % de son chiffre d’affaires en 2024. Ses premières applications visent les secteurs de l’industrie lourde, ainsi que les réseaux ferroviaires et électriques où l’autonomie énergétique des capteurs sont des atouts décisifs.